Michel Leiris
Même quand les corridas n’étaient pas encore décriées, je n’ai jamais adhéré au texte de Michel Leiris « De la littérature considérée comme une tauromachie » (préface de L’Âge d’homme), qui place l’écrivain en position de torero. Je ne peux concevoir cette image qu’en donnant à l’écrivain la position du taureau.
La Rochefoucauld
« Le silence est le plus sûr parti de celui qui se défie de soi-même ».
Si je l’écoute, je ne dis plus un mot.
Gaza
Courte vidéo postée sur la page Facebook de Marie-Christine Masset : deux enfants d’environ 4 et 2 ans. Le visage tuméfié, ils ne crient pas, ne pleurent pas. Ils bougent les mains, remuent un papier et tremblent, ne peuvent s’arrêter de trembler.
Oui, c’est cela : ils tremblent, ne peuvent plus s’arrêter de trembler…
Tu as vu cela : ce tremblement d’un enfant submergé par l’horreur qu’il subit.
On comprend en effet que tout le reste ne soit que mauvaise littérature, même ce silence dont on se réclame encore pour cacher son impuissance.
En ce samedi saint où on célèbre la mort de Dieu confondue à celle de l’homme.
Un abrazo
Je crois que le taureau écoute le silence, et (comme le souligne La Rochefoucauld), il ne dit pas un mot. L’écrivain, qui profère et multiplie ces mots, ne peut pas être le taureau ; il est la “danseuse ridicule” de Cabrel, qui risque sa vie pour prouver que sa fragilité est une force. Le public non plus, qui respire des clameurs.
Amicalement,