Les anges de Norge

Pour Marie-Paule

Ça y est, la bibliothèque du Centre Pompidou à Paris est fermée pour cinq ans. On dit cinq ans, et puis on en a pour six ans, sept ans…

« C’est peut-être la dernière fois », me disais-je vendredi dernier avec mélancolie, me souvenant de toutes les découvertes que j’ai faites ici… « Peut-être n’ai-je pas assez tiré parti…, pas assez fait fructifier… Quand reverrai-je hélasDis, qu’as-tu fait, toi que voilà…»
Et je prenais des photos impuissantes.

Et c’est là qu’est arrivé Norge avec Eux les anges.

Le rien est noir, mais le noir, tourmenté d’être rien, le noir soufflait à l’ombre : il faudrait que j’existe.

Genèse ? Apocalypse ? Paradoxes vertigineux : Comment tomber quand on est gouffre ?  Surprenantes comparaisons : Les longues nuits avaleuses sont avalées comme des groseilles.
Une partie s’intitule : Soupe à toute heure. Une autre : Soir des grands merdes.

Derrière le crâne du dormeur je lisais : J’ai beau mourir je renais, (…) J’ai beau renaître, je remeurs !

Les anges de Norge me tirent de mélancolie pour me dire que la vie est bonne.

Au temps de mourir, mourez,
Mais au temps de vivre, ô gué,
Au temps de vivre, jetez
Le grappin sur cette aubaine

De surgir, de s’étonner.

[Georges Mogin, dit Norge (1898-1990), est né à Bruxelles, dit la notice La vie et l’oeuvre de Norge, volume avec préface et choix de Lorand Gaspar. Après avoir été brièvement représentant en laines, Norge choisit l’écriture dès 1923. Il participe aux mouvements contemporains mais se tient en marge “des bouillonnements de l’époque”. Sa production est très abondante, comme le montre ce volume qui contient des extraits de recueils aux titres parfois savoureux : Poèmes incertains ; Plusieurs malentendus suivis de La Double vue; Avenue du ciel ; Souvenir de l’enchanté ; Calendrier ; Joie aux âmes ; Les Râpes ; Famines ; Le Gros gibier ; La Langue verte ; Les Oignons ; Les Quatre vérités ; Le Vin profond ; Les cerveaux brûlés ; Bal masqué parmi les comètes ; La Belle saison ; Le Sac à malice ; Les Coqs-à-l’âne ; Le Stupéfait… ]

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Les anges de Norge

  1. François LE GUENNEC dit :

    J’ouvre de temps en temps le même recueil de Norge – bien fatigué, le recueil, mais toujours généreux.
    Où serons-nous dans cinq ans, dans six ans… ?
    Merci, Nathalie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *