Dans l’au-delà je ne serai pas mécontente de faire un assez long séjour au purgatoire. D’abord, je ne m’y sentirai aucunement dépaysée, ayant eu tout au long de mon existence terrestre le sentiment fatigant d’une faute à payer, peut-être celle de respirer l’air commun sans demander la permission. Et puis, la compagnie de gens humbles aux yeux tournés vers le ciel sera nettement plus réconfortante que celle des Importants qui vous croisent et vous toisent.
Si je devais me choisir une résidence purgatoriale (je ne sais pourquoi cet adjectif existe à peine, ou pas du tout, en tout cas beaucoup plus rare qu’« infernal » alors que ces deux séjours des âmes doivent être à peu près aussi peuplés), je m’installerais dans un val fleuri aux alentours de la première corniche de la montagne de Dante, celle où débouche un escalier avec des marches de toutes les couleurs et des fresques peintes sur la roche. Il serait stimulant de vivre dans un lieu inventé exclusivement pour l’espoir, où des anges annoncent aux pénitents qui se traînent comme des larves de marche en marche qu’ils constitueront un jour les ailes d’un immense et radieux papillon.