Dernières petites notes de mai

Une écriture automatique

Je déteste l’orthographe prédictive, ces mots qui s’affichent tout seuls sur les textos quand on en tape les premières lettres. Qui donne à la machine le droit de me prévoir et de me prédire ? Et si je veux faire de mes « m-e-r » une merde ou un mérovingien au lieu d’un  merci ? ‒ Ta révolte est adolescente, ma fille. Si tu tapes « merde », le téléphone enregistrera « merde » pour une autre fois. ‒ Alors si le lendemain je suis trop pressée pour me relire, je réponds « merde » aux bons vœux de bonne année ? ‒ Ta question est sénile, ma vieille. Ces machines te localisent si bien, qu’ayant enregistré les vœux auxquels tu réponds ils te suggèrent « merci » avant que tu n’en aies tapé la première lettre. Braille à ton aise sur ton blog et laisse le smart faire son travail de smart.

Au secours Mallarmé, Jarry, Walser, Michaux !

Stéphane Mallarmé, Quatrain adresse. Remarquer en particulier la première rime

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‒  A l’exposition Préhistoire du Centre Pompidou,

me dit Pat, je suis devenu pendant dix minutes une œuvre d’art, immobile dans un angle de ce qui ressemble à une caverne, la Crypte de Claudio Parmiggiani (1994). Dans le noir, quelques minutes d’accommodation permettent de voir un mur de mains positives en face de l’entrée surbaissée. Les visiteurs défilent, parlent ou se taisent. Les enfants entrent et sortent follement. Certains disent : « Il y a quelqu’un là », un peu anxieux quand même. Une petite fille plus hardie s’approche et touche du pantalon: c’est un homme.
Spectateur ? Gardien ? Performer ? Mime grimé en statue ?

Entre art et vie quelques minutes”, conclut Pat.

Yves Klein, “Anthropométrie sans titre”, 1960

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L’écart irrémédiable des langues, comme une mère qui n’est jamais là, ou fugacement.

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