Sur la voix de Gaëlle Obiégly

 

Gaëlle Obiégly écrit  dans son avant-dernier livre, N’être personne, ces phrases très touchantes :

De mon enfance, j’ai gardé la voix. (…) Enfant, mes propos dérangeaient les adultes qui me trouvaient d’une maturité anormale, j’ai pu passer pour une enfant surdouée mais adulte j’ai l’air d’une idiote en raison de ma voix. À cause d’elle, on n’accorde pas d’importance à ce que je dis. C’est pour ça que j’écris, bien sûr.

Et c’est pour ça que j’ai envie de la lire, bien sûr.
(La voix d’écriture de Gaëlle Obiégly semble également, encore plus que celle de Robert Walser, n’avoir jamais mué. Elle est sans velours.)

Hier soir je l’ai entendue présenter son dernier livre, Une chose sérieuse, à la librairie du Monte en l’air, Paris 20ème. Elle lisait son texte dans un climat d’écoute attentive. J’ai remarqué qu’elle répondait aux questions directement (y compris quand elle disait ne pas le faire), et qu’elle regardait les gens et les choses d’un air sérieux, comme dans le titre de son livre, et comme l’enfant du tableau de Co Westerik qui accompagnait un de mes billets de 2017 :  http://patte-de-mouette.fr/2017/12/02/un-esprit-denfance/

Quand je suis allée faire dédicacer Une Chose sérieuse et que j’ai dit avoir rédigé un article sur ce roman,  en espérant « ne pas avoir raconté trop de bêtises”, elle m’a répondu, avec son regard droit et sur le ton de l’évidence: « Mais un lecteur a le droit de penser et de dire ce qu’il veut ! »

Cette affirmation de la liberté inaliénable du lecteur me stimule comme un bon whisky.

À suivre.

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