Au Carrefour contact, devant moi, un homme handicapé sort un billet de 10 € pour régler des courses qui en valent 21. La caissière lui répète plusieurs fois qu’il n’a pas assez d’argent. Il ne comprend pas, bredouille, s’agite. Elle finit par lui confisquer un livre d’images pour enfants. Il gémit tristement, il ne veut pas renoncer à son livre et reste planté là, comme ses marchandises sur le tapis noir.
Je voudrais tant raconter maintenant que je lui ai offert son livre ! Si j’avais inventé cette histoire j’y aurais, par une évidence narrative, joué ce rôle bienfaisant. Mais dans la vraie vie je n’y ai pas du tout pensé et j’ai changé de file.
Chez la boulangère, la queue se poursuit loin sur le trottoir. Un garçon d’environ sept ans demande avec aplomb deux « traditions » et deux sucettes. La boulangère dit : « Il n’y a d’argent que pour les deux tradis ». L’enfant s’obstine, la queue s’allonge. Le père, resté sur le trottoir avec la poussette du petit frère fend la queue et dit : « Pas les deux sucettes”. Un jeune homme devant moi dit à l’enfant : « Bien essayé ». Baudelaire lui aurait donné tout le bocal pour son absence totale de réalisme.
je lis en ce moment Epictète: “Conduite et caractère du profane: ce n’est jamais de lui-même qu’il attend profit et dommage, mais des choses extérieures. Conduite et caractère du philosophe: tout profit, tout dommage, c’est de lui-même qu’il l’attend. Signes de celui qui est en progrès: il ne blâme personne, ne loue personne, ne se plaint de personne, ne dit rien de lui-même comme s’il était quelqu’un ou savait quelque chose. Quand il rencontre quelque obstacle ou empêchement c’est lui-même qu’il accuse.” Tu es une bonne apprentie Nathalie, ne te reproche rien , tu es en progrès vers la sagesse:) 🙂
Je sens que je m’y dirige à grands pas :-)) Merci, Marie-Paule !