Un art du contact

Comment, au cours de mes promenades littéraires, ne pas rencontrer l’art du toucher par excellence : la sculpture ? Je ne me réfère pas aux ateliers qui font aujourd’hui travailler des équipes loin du sculpteur-concepteur, mais, très loin de ces tendances, à Giuseppe Penone.

Giuseppe Penone : “Peau de feuilles” et “Respirer l’ombre”, Centre Georges Pompidou

Son oeuvre a été définie, à l’exposition qui eut lieu en 2004 au Centre Pompidou à Paris, comme un « art du contact » :

(…) contact de l’homme avec le monde, de la peau avec les objets, du regard avec la nature, mais aussi reprise du contact de l’homme avec lui-même, de l’artiste avec l’homme. (Bruno Racine, Préface du Catalogue de l’exposition, p. 39)

Penone accompagne son œuvre sculpturale de rêveries ou poèmes en prose faisant état de ses affinités avec la matière.

Je sens la respiration de la forêt,
j’entends la croissance lente et inexorable du bois,
je modèle ma respiration sur la respiration du végétal,
je perçois l’écoulement de l’arbre autour de ma main
posée sur son tronc. (p. 17)

Ne dirait-on pas un poème de Guillevic ?

A certains moments la pratique de l’art ressemble à un rituel avec ses gestes spécifiques :

Pour réaliser la sculpture, il faut que le sculpteur se mette à son aise,
qu’il s’allonge par terre en se laissant glisser, sans descendre trop vite ;
doucement, peu à peu, et enfin, une fois en position horizontale,

qu’il concentre son attention et ses efforts sur son corps qui,
en contact étroit avec le sol, lui permet de voir et de sentir
contre lui les choses de la terre ; il peut ensuite écarter les bras
pour profiter pleinement de la fraîcheur de la terre
et atteindre le degré de tranquillité nécessaire
à l’exécution de la sculpture. (p. 32)

Penone est également très sensible aux empreintes qui se superposent sur les objets du monde :

(…) sur les banquettes de trains, sur les manches des pioches, sur les rampes, sur les barres de tramways (…) », sur tout ce qui « délimite un contact antérieur, indique les points de l’espace que les expériences qui nous ont précédé conseillent de toucher. (p. 72)

Comment vit-il l’excentricité tactile de notre époque  ? Avec patience et d’un peu loin, je suppose.

“L’arbre des voyelles”, jardin des Tuileries, Paris

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2 réponses à Un art du contact

  1. robient dit :

    Très beau souvent, mais contact trop piquant pour moi (première photo). C’est vrai que les buissons de ronces attirent les oiseaux et peut-être même…les mouettes!
    Un abrazo

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