Chacun sa voie

Agnès Desarthe enfant détestait lire, explique-t-elle à Arnaud Laporte lors d’une Affaire culturelle de décembre dernier sur France Culture. D’origine juive moldave par sa mère, elle avait le sentiment que les “grands auteurs” français n’étaient pas pour elle car elle n’était pas assez raffinée. “Ce qui m’a libérée de mes complexes en me donnant une armature conceptuelle, dit-elle avec enthousiasme, c’est la découverte de l’hypertextualité”.

Exactement ce qui m’a paralysée.

Hier soir, à la librairie Le Monte en l’air à Paris, s’entretenaient avec le journaliste Alain Nicolas les deux écrivains Benoît Colboc et Aurélie Olivier, tous deux issus du monde agricole. Quand quelqu’un dans le public a demandé comment ils en étaient venus à la littérature, Aurélie Olivier a dit : « Par la bibliothèque du CDI de mon lycée. Ils avaient sur leurs rayons la littérature de tous les siècles ». Benoît Colboc a dit : « Par un professeur de français qui m’a fait lire Maupassant. J’ai vu que les paysans avaient une présence dans les livres. »
Un enfant qui n’a pas de livres chez lui n’est donc pas obligé de passer par Gérard Genette pour apprécier la littérature.

Ouf.

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4 réponses à Chacun sa voie

  1. Est-ce l’Aurélie Olivier qui organise des festivals ?
    Vous m’impressionnez par tous ces noms propres que vous trouvez sur la couverture de livres. Comment arrivez-vous jusqu’à ces inconnus ? Par “des lectures, des lectures des lectures (dit l’organisatrice) et encore, pas autant que je voudrais”.
    Et vous reste-t-il du temps pour le monde ?
    Amitiés,

    • Ne vous impressionnez pas : je “connais” Aurélie Olivier depuis 2 jours. Sur la 4ème de couverture de son livre, il est marqué qu’elle a fondé l’association “Littérature etc.” dont je n’avais jamais entendu parler avant, et je ne sais pas si elle organise des festivals. Je connais un peu mieux Benoît Colboc, par éditrice interposée. Et j’ai beaucoup de temps pour tout quand je ne traînasse pas… Amitiés.
      P.S. Je n’ai pas oublié 1922, il suffit juste que je ne traînasse pas.

  2. Il n’y avait quasiment pas de livres chez moi. Je suis arrivé dans une banlieue parisienne populaire en 1965. Je suis entré en troisième dans le magnifique lycée pilote de la commune voisine. J’ai eu de très bons professeurs de français. Il y avait un Cdi riche. Cela ne s’appelait pas encore comme cela. J’achetais quand je pouvais quelques livres de poche aux couvertures criardes. Face au HLM de briques roses se trouvait la bibliothèque municipale. La femme du maire travaillait là et me laissait emprunter tout ce que je voulais. Le bon, le moins bon. Gérard Genette ne m’ a jamais beaucoup inspiré. Les livres rencontrés souvent un peu par hasard oui.

    • Merci, Claude, pour cet émouvant témoignage. L’enseignante que j’ai longtemps été à Gonesse et Garges-lès-Gonesse (où j’ai activement collaboré avec le CDI), se réjouit que la littérature enseignée à l’école enthousiasme encore de jeunes auteurs. Amitiés.

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